Il s'agit d'un Hommage appuyé, pour la communauté paroissiale qui anime chaque samedi soir la messe et rend vie à la petite église Saint-Jean-Baptiste de la Salle, située rive gauche à Rouen. Elle ne paie pas de mine cette maison du bonheur, sobre aux murs de briques, son intérieur sans reliques ni sculpure, son toit en forme de pyramide en ardoise, datant des années 60. Sa petite chapelle, également toute en simplicité diffuse également la châleur humaine.
A l'heure de la préparation des sorties du samedi soir, des retours à la maison pour le dîner après une journée d'achat en ville, des repas de familles ou entre amis ou avant l'émission TV, quelques coeurs affirmés, assoiffés de générosité, humbles et pleins de conviction chrétienne et charitable viennent prier avec grand foi en Saint-Jean-Baptiste de la Salle à quelques pas des quais de la Seine et du Centre Saint-Sever.
Dieu ne les a pas placé sous les projecteurs. Ce trésor caché de vie brille surtout de plein feu lors du temps des cérémonies des dimanches ordinaires, là où le recueillement, l'inspiration dans la prière est la plus forte, la plus prégnante.
Alors Dieu semble nous avoir comblé ce fameux samedi froid et sombre d'hiver quelque peu éclairé par les douces lumières des lampadaires de la cité, qui restera dans la légende (car la mémoire défaille un peu) de nos petites vies, alors qu'écorchés vifs de l'intérieur, nous recherchions une activité pour nous ressourcer sans savoir où nous pénétrions, tenter de capter un peu de nourriture spirituelle, sans savoir où nous allions, sans envie de se donner bonne conscience mais désireux de recouvrer un peu d'humanité d'espérance, rien que pour se convaincre qu'il s'agissait de surtout ne pas se lâcher, entretenir notre amitié, notre amour en dépit de nos différences d'origine et de parcours de vie.
A l'heure où quelques temps auparavant, l'abbé Pierre s'était éteint à quelques kilomètres de là à Esteville à côté de la dame fidèle Geneviève Coutaz et de quelques compagnons guerriers de la lutte contre l'exclusion, nous touchions une peu le Graal dont nous avions besoin pour alimenter notre soif de continuer à donner le meilleur de nous même en toute liberté.
Bref, nous découvrions, l'incarnation divine dans l'une de ses expressions la plus forte en la personne du père André Guérard, son homélie puissante, éloquente et tout à la fois douce, tolérante, sincère, bienveillante, morale et remplie de sens. Une âme incroyable témoignant, pourtant dans un physique atteint par l'âge avancé et nourri par le fruit de l'expérience,une conviction de bonté qui semble toujours aussi nourrie de l'enthousiasme de la jeunesse, comme inébranlable, semblant s'enrichir encore des leçons des épreuves.
Bref cette rencontre nous a soulevé le coeur, nous a bouleversé à nous en humidifier les joues. Il fallait absolument y retourner, pour continuer à à croire que le meilleur de l'homme reste à venir; continuer à découvrir. Alors, le détour par Rouen depuis Amiens, puis Lille pour se retrouver là-bas se reproduit depuis au moins trois ans déjà. Et toujours, nos coeurs se remplissent de cet amour diffus, cette passion ne s'éteint pas, s'alimente encore et encore avec toujours la même émotion, à l'écoute de ce message divin du père Guérard. A chaque fois, nous reprenons force pour affronter les obstacles de nos existences, diffuser nous même avec nos limites ces mêmes indices de l'espoir d'une vie où, surtout, il s'agit de constamment garder un regard, un sourire envers celui qui semble n'avoir plus rien et qui semble devoir nous enrichir, bien sûr davantage que le félicité de la société.
Autour de cette âme admirable, d'autres anges engagés dans cette bataille pour la victoire de l'amour, le sourire et le sens de l'accueil aguerris, viennent vers nous: Pascal, Marie, Luc, Jean-Michel, Micheline et ces autres que nous devrons encore apprendre à connaître. L'esprit est le même.
Nous observons: ils en vivent des choses, manifestement pour la pureté de la démarche, sans ostentation ni ambition de soulager leur conscience : ces pélerinages, ces moments de retraite ces rencontres autour d'un repas, ces temps de préparation des cérémonies, ces organisations de repas chauds pour les sans-rien.
Le temps de la prière universelle nous fournit des repères et m'incite à développer : la justice, le soutien au "plus faible", le sens du partage, le combat pour la dignité de l'homme dans sa plus belle manifestation, la sincérité et la générosité de coeur, le devoir de croquer la vie en toute liberté afin de mieux connaître les richesses de l'existence, le devoir de soutenir nos proches, d'entretenir l'amitié, de se souder face à l'adversité, ne pas oublier notre passé pour nous guider dans le cheminement à venir, profiter à plein du présent, développer nos capacités créatrices, donner le meilleur de nous même pour se découvrir encore davantage... Bref, faire fructifier ce Trésor de cette communauté de l'amour.
L'ambition de ce programme, je l'espère n'est pas trop orgueilleuse, ni trop au dessus de mes forces ou de mes capacités. J'essaierai de l'entretenir modestement plus en silence mais ici il fallait en laisser trace pour témoigner que toutes ces sensations, je les avait bien vécues, ressenties dans toute leur vérité, avec quelques proches dont ceux qui ont bien voulu m'accorder leur confiance ne sont pas les plus évidents.
Le bonheur est simple, est tout près de nous, à faire vivre avec un peu de rire.
Sourire.